Chères Soeurs
Voici un article de
Frei Betto, nos frère dominicain, qui pourrait intéresser l’une ou l’autre
de nos soeurs. Nous, nous avons rejoint une photo de nos frère. Article présenté par Sr Anne Marie pour le blog. Une bonne lecture.
Frei Betto (fr. Carlos Alberto Libânio Christo, op)
Le pape François vient de publier le document « Joie de l’Évangile », dans
lequel il dit clairement ce qu’il voit. Sa voix prophétique dérange CNN, la
puissante chaîne de communication des États-Unis qui lui décerne la « Médaille
de Carton », distinction reçue par ceux qui disent des bêtises en matière
d’économie.
Quelles sont les « bêtises » que le pape François a prononcées ? Le lecteur
peut en juger lui-même : « Aujourd’hui, nous devons dire « non à une économie
de l’exclusion et de la disparité sociale ». Une telle économie tue. Il n’est
pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue,
meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en
bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la
nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est
la disparité sociale. »
« Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du
plus fort, où le puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette
situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées :
sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. »
« On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation,
qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du «
déchet » qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de
l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion
reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle
on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la
périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des
‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’. » (53)
Dans la suite, François condamne la logique que le libre marché s’attribue
pour soi-même de promouvoir l’inclusion sociale : « Cette opinion, qui n’a
jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve
dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes
sacralisés du système économique dominant. En même temps, les exclus continuent
à attendre. »
« Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour
pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une
mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous
devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des
autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention
ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère
qui n’est pas de notre ressort. »
« La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le
marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que
toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple
spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. » (54)
Le pape souligne que les intérêts du capital ne peuvent pas prévaloir sur
les droits de l’homme : « Une des causes de cette situation se trouve dans la
relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement
sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous
traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique
profonde : la négation du primat de l’être humain ! »
« Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or
(cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le
fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans
un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et
l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence
grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de
ses besoins : la consommation. » (55)
En parlant du capitalisme, François défend le rôle de l’État comme garant
de la vie sociale et condamne l’autonomie absolue du libre marché : « Alors que
les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité
se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse
minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue
des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils nient le droit de
contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. »
« Une nouvelle tyrannie invisible s’instaure, parfois virtuelle, qui impose
ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette
et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur
économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel. S’ajoutent à tout cela
une corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des
dimensions mondiales. L’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de
limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d’accroître
les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l’environnement, reste sans
défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle
absolue. (56)
Finalement, c’est un prophète qui met le doigt là où se trouve la blessure,
car personne ne peut ignorer que le capitalisme a échoué pour 2/3 de l’humanité
: les 4 milliards de personnes qui, selon l’ONU, vivent en-dessous de la ligne
de pauvreté.
Rédigé par frei Betto OP 12/12/13 traduit
par fr. Viktor Hofstetter, op
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