sábado, 21 de dezembro de 2013


Chères Soeurs
Voici un article de Frei Betto, nos frère dominicain, qui pourrait intéresser l’une ou l’autre de nos soeurs. Nous, nous avons rejoint une photo de nos frère. Article présenté par Sr Anne Marie pour le blog. Une bonne lecture.


  

LE PAPE FRANCOIS ET L’ÉCONOMIE DU MARCHÉ Publié le 19 Décembre 2013

Frei Betto (fr. Carlos Alberto Libânio Christo, op)

Le pape François vient de publier le document « Joie de l’Évangile », dans lequel il dit clairement ce qu’il voit. Sa voix prophétique dérange CNN, la puissante chaîne de communication des États-Unis qui lui décerne la « Médaille de Carton », distinction reçue par ceux qui disent des bêtises en matière d’économie.

Quelles sont les « bêtises » que le pape François a prononcées ? Le lecteur peut en juger lui-même : « Aujourd’hui, nous devons dire « non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale ». Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. »

« Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. »

« On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du « déchet » qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’. » (53)

Dans la suite, François condamne la logique que le libre marché s’attribue pour soi-même de promouvoir l’inclusion sociale : « Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. En même temps, les exclus continuent à attendre. »

« Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. »

« La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. » (54)

Le pape souligne que les intérêts du capital ne peuvent pas prévaloir sur les droits de l’homme : « Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! »

« Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation. » (55)

En parlant du capitalisme, François défend le rôle de l’État comme garant de la vie sociale et condamne l’autonomie absolue du libre marché : « Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. »

« Une nouvelle tyrannie invisible s’instaure, parfois virtuelle, qui impose ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel. S’ajoutent à tout cela une corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales. L’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d’accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l’environnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue. (56)

Finalement, c’est un prophète qui met le doigt là où se trouve la blessure, car personne ne peut ignorer que le capitalisme a échoué pour 2/3 de l’humanité : les 4 milliards de personnes qui, selon l’ONU, vivent en-dessous de la ligne de pauvreté.

Rédigé par frei Betto OP 12/12/13   traduit par fr. Viktor Hofstetter, op
 
 

segunda-feira, 9 de dezembro de 2013

Une réunion historique

Voici l'article paru en Newslettre OP sur notre réunion en Afrique du
Sud, suivi d'une phrase de Nelson Mandela dans le mur d'entrée du
Musée de l'Apartheid.
Merci pour tout,
Carmina



 
Du 21 au 27 Octobre 2013, dix-sept (17) Promoteurs de Justice et Paix de l'Interafricaine de l'Ordre des Prêcheurs (IAOP): 7 frères, 6 sœurs des Sœurs dominicaines en Afrique (DSA), et 4 laïcs dominicains représentant toutes les régions d’Afrique se sont réunis à Johannesburg, Afrique du Sud, pour développer un plan stratégique permettant aux Dominicains d’être une plus grande force pour la justice et la paix en Afrique. C’était un événement historique, car c'est la première fois que toutes les branches de la famille dominicaine se sont réunies pour une telle réunion pour concevoir une vision commune de la façon d'aborder la justice et la paix dans nos différentes entités. Les participants ont été ravis de la présence de Sœur Celestina Veloso Freitas, OP, Coordinatrice Internationale de Justice et Paix pour les Sœurs Dominicaines Internationales (DSI), et du frère  Carlos Rodriguez Linera, OP, Promoteur Général pour Justice et Paix, qui sont tous deux basés à Sainte Sabine à Rome. Le frère  Neil Mitchell, OP., nous nous fait le compte rendu de cette réunion.
«Dans la présentation d'ouverture, le frère Mike Deeb, OP, Conseiller de l'IAOP pour Justice et Paix et la Famille Dominicaine, a parlé du "Voir, Juger, Agir» et du «Cercle pastoral" comme méthodes efficaces d'évangélisation qui permettent à l'Eglise de mettre son énergie dans la transformation de l'humanité. Toutes les entités et toutes les branches de la famille dominicaine en Afrique ont ensuite présenté des rapports détaillant où elles en sont dans le travail de justice et paix et ont abordé les questions auxquelles elles sont confrontées. Les participants se sont rendus compte que partout en Afrique, ils sont tous confrontés à au même genre de problèmes: la pauvreté, les inégalités, le chômage, la guerre, la violence, l'oppression, la corruption, la destruction de l'environnement, les abus sexuels, etc. Un des jours de la réunion a été consacrée à une excursion pour permettre aux participants de s’imprégner de certaines réalités sud-africaines.

Le frère Emmanuel Ntakarutimana, OP, Promoteur de Justice et Paix pour le Vicariat du Rwanda et du Burundi, et Président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme du Burundi a fait un exposé sur les défis du travail de justice et paix en Afrique. Il a décrit le problème de déficit moral du monde. En nous rappelant les cinq frontières de l'évangélisation pour l'Ordre définies par le Chapitre Général d'Avila (1986) (ceux qui font face à la mort, ceux qui sont déshumanisés, ceux des autres confessions chrétiennes, d'autres religions et idéologies laïques), le fr. Emmanuel nous a appelés à mettre notre expertise en commun avec tant d'autres personnes et tant d'institutions qui travaillent tous à lever le voile du traumatisme qui couvre l'Afrique et empêche les gens à se développer.

Le frère Carlos, a parlé du travail de la délégation dominicaine auprès des Nations Unies qui cherche à influencer, dans l’esprit de l'Evangile, les politiques publiques des États afin que celles-ci soient faites conformément à l'intérêt commun. Le frère Carlos a aussi salué le "Processus de Salamanque" comme un moyen de renouer nos institutions dominicaines avec la réalité.

Les dernières séances de la réunion ont été consacrées à l'identification des principaux domaines auxquels nous sommes confrontés en Afrique, et à l'élaboration de stratégies qui nous permettront de devenir une force plus grande pour la justice et la paix. Les promoteurs se sont engagés à tenir, des sessions de formation régionales avant la fin de 2014, pour développer  ces capacités dans nos promoteurs. » Félicitations !

Newsletter Dominicaine

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Pour l’excursion nous sommes allés au Musée de l’Apartheid, où  la qualité morale de Nelson Mandela est mise en relief. Qu’il repose en paix.

« To be free is not merely to cast off one’s chains, but to live in a way that respects and enhances the freedom of others”

                                                                                                   Nelson Mandela