domingo, 10 de agosto de 2014

Situation de nos Soeurs irakiennes

Chères Sœurs,

            La situation en Irak sans doute nous soucie, surtout qu’elle nous touche de près, étant donné que trois sœurs de la congrégation Ste Catherine de Sienne d’Irak font partie de notre communauté de Stockholm. 

            Si vous suivez les informations à ce sujet, vous aurez vu que les guerriers islamistes (ISIL) ont chassé les chrétiens et les autres minorités d’abord de Mossoul, puis ensuite de Karakosh où plusieurs s’étaient réfugiés (et où nos sœurs irakiennes avaient commencé à construire une nouvelle maison-mère lorsqu’elles voyaient qu’un retour à Mossoul s’avérait impossible) et finalement, qu’ils étaient en train d’attaquer Erbil, où plusieurs chrétiens et yazidis se trouvent actuellement en danger.

            Des sœurs qui sont là-bas, nous apprenons que pendant la nuit de la fête de la Transfiguration, des tirs ont commencé après minuit et continué jusqu’à midi du jour suivant.

            Pendant le matin du 6 juin, il y avait eu un bombardement à Karakosh.  Un tir à obus a tué deux garçons—un de 9 ans et l’autre de 5—ainsi qu’une femme qui essayait d’obtenir de l’eau.  À cause de cela, plusieurs personnes ont fui la ville, et presque tous qui sont restées ont assisté aux funérailles des victimes.

            Le 7 août, les sœurs ont réalisé que les Peshmergas, qui devaient protégé Karakosh, allaient laissé la ville sans protection.  Les forces de l’ISIL s’approchaient toujours, et alors beaucoup de gens commençaient à partir.  Trente de nos sœurs ont donc quitté Karakosh en trois voitures.  Deux familles, qui n’avaient pas d’autre refuge, les ont accompagnées, ainsi que trois sœurs franciscaines.  Sur la route, elles ont vu beaucoup de personnes à pied qui fuyaient les villages de Karamles, Bartela, Bashiqa, Telkaif, Baqofa, Batnaya et Telusquf.  Nos sœurs ont aussi quitté les couvents qu’elles habitaient dans ces villages.  Un jeune homme qui essayait, avec un prêtre, d’aider une dame qui n’arrivait pas à partir seule, a été fusillé et tué par les ISIL.

            Avant de quitter, les sœurs avaient prié et consommé l’Eucharistie.  Elles ont décidé de laisser une seule Hostie dans le tabernacle avec l’espoir que le Seigneur protègerait la maison et la ville.

            Le constat d’une grande foule sur la route d’Erbil les a choquées : hommes, femmes enceintes, enfants, personnes handicapées, personnes âgées, chrétiens, musulmans, shiites, yezeds, et shabaks….  Cela leur a pris cinq heures à passer le premier point de contrôle, deux heures pour le second, et une heure et demi pour le troisième.  Elles se sentaient à l’intérieur d’un cauchemar.  Normalement, cela prend une heure et quart pour le voyage de Karakosh à Erbil, mais cette fois, elles y ont mis 10 heures.

            Les sinistrés ont dû endurer une température de 42 degrés.  Plusieurs personnes les ont accueillis dans leurs maisons, mais il y en avait bon nombre qui ne pouvaient qu’essayer de se trouver un refuge là où ils pouvaient, dans les parcs, sous les arbres…. La ville d’Erbil ne possède pas la capacité de les aider tous. Les sœurs ont appris que la centaine de personnes restées à Karakosh ont vu entrer les ISIL qui se promenaient dans les rues en acclamant « Allahu Akbar ».

            Puisqu’il n’y avait pas la place dans le couvent d’Erbil pour toutes les sœurs qui arrivaient de Karakosh et de Bartela, la moitié a trouvé refuge au séminaire chaldéen.  Plusieurs familles ont campé dans le jardin du couvent, où les sœurs leur ont procuré des tentes.  D’autres de nos sœurs ont aussi quitté d’autres villages pour des villes kurdes.

            La situation demeure extrêmement difficile.  Les sœurs ne peuvent pas prévoir ce qui va se passer.  Pour l’instant, les gens ont un peu d’argent et peuvent se subvenir, mais personne ne sait pour combien de temps elles pourront le faire.  Erbil est une ville kurde et les sinistrés ont trouvé refuge à Ankawa, une banlieue chrétienne de la ville sous la protection des Peshmergas. 


            Les sœurs nous demandent de faire tout le possible pour que la violence et l’oppression en finissent.  Elles désirent que les nations en solidarité arrivent à protéger les minorités contre le mal et l’injustice.  Les irakiens, comme tout le monde, désirent seulement mener une vie normale et digne en paix.

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